L'interview de FEVRIER 2020
Depuis plus de 60 ans, d’abord à Orange puis à Sainte-Cécile-les-Vignes, cette entreprise a bâti sa réputation sur son sérieux jusqu’à devenir aujourd’hui un acteur majeur de la partie négoce vrac dans la région
Vraqueur : ce métier du vrac parfois déconsidéré de nos jours dans le vaste monde du négoce de vin, Rémi Friedmann le revendique. Au fil du temps, et suivant les traces de son père qui avait créé l’entreprise dans les années 60 à Orange, il en a fait un vrai grand métier de professionnel, livrant année après année à ses clients des vins tracés avec la maîtrise de la qualité.
Tout a donc commencé en 1963 avenue de la gare à Orange où étaient rassemblés de nombreux négociants en vin. « L’oncle de mon père, M. Lafontaine, était limonadier sur la région lyonnaise. Il a vite compris que pour le vin, il fallait venir s’installer dans la région de production pour en proposer à tous ses clients ». L’affaire s’est rapidement développée, lui et ses deux frères intégrant rapidement l’entreprise qu’il a finalement repris tout seul en 2005. « Nous sommes passés aussi par un stade de vigneron avec une propriété sur Vinsobres acquise en1990 et que nous avons gérée pendant 12 ans. Mais nous l’avons revendue ». Pour se recentrer donc sur ce fameux métier de vraqueur qui ne peut être crédible sans son pendant naturel, celui d’assembleur. Et c’est justement là que s’est bâtie la notoriété de la Maison Friedmann, dont le berceau familial se partage entre Tain l’Hermitage et Vaison-la-Romaine mais qui concentre tout aujourd’hui sur son site de Sainte-Cécile-les-Vignes ouvert en 2007.
« Tout arrive ici dans notre chai… Et tout repart d’ici ». Quelque 250 000 hl de vin provenant majoritairement de la vallée du Rhône mais aussi du Languedoc et une petite partie du Var. Pas de mise en bouteilles : « Nous achetons du vrac et nous revendons du vrac ». Mais entretemps, les assemblages ont eu lieu et c’est ce qui fait toute la différence.
« Il y a la touche Friedmann dans toutes les cuvées que l’on élabore ici, souligne pour sa part Christophe Montalban, directeur commercial dans l’entreprise depuis 2011. C’est un savoir-faire acquis à force de dégustations, qui a donné un style qui nous est propre et que nos clients viennent rechercher ici… dont certains depuis 60 ans. Et même sur des produits type vin de France. Ce sont souvent des vins suaves avec une petite longueur en bouche. Avec une réelle histoire qui raconte le terroir, ce que nos clients apprécient ».
Pas question donc chez Friedmann de prendre un lot A et un lot B et de les jeter ensemble pour obtenir un vin lambda… « Tout l’art de l’assemblage consiste pour nous à créer un vin qui aura sa propre âme ». Et cette plus-value, c’est en grande partie Rémi Friedmann qui l’apporte avec sa dégustation quasi permanente… parfois 150 à 200 vins dans la journée ! Une grosse partie du travail qui se fait en équipe avec le soutien d’un outil d’analyse performant, FOSS, pour répondre aux paramètres en vigueur. « Mais la première dégustation dans le verre reste primordiale car c’est le produit, le vin, qui nous parle d’abord ».
Ce qui explique qu’en 10 ans, la Maison Friedmann a connu un gros développement tant en volumes (doublement de la cuverie) qu’en chiffre d’affaire (qui a doublé). En fait, Friedmann s’oriente de plus en plus vers une entreprise de services pour être à la disposition du client et réaliser à la demande les cuvées avec tout ce qu’il y a derrière, que ce soit en termes d’assemblage mais aussi d’élevage.
« Ici, et malgré les volumes, nous avons encore la chance de bosser à l’ancienne, à savoir que nous allons d’abord travailler le produit avant de travailler juste un cahier des charges ou une simple analyse ». Les raisons du succès de la Maison Friedmann sans doute…
Jean Calabrese
REPERES
Maison Friedmann / BP 47 / Sainte-Cécile-les-Vignes
Tél : 04 90 11 16 90 / ets-friedmann@friedmann.fr
Président : Rémi Friedmann ; directeur commercial : Christophe Montalban
Capacité de stockage : 40 000 hl
Volumes traités : 250 000 hl
CA (2018) : 36 M €