JUILLET 2020
A Ampuis, la structure œnotouristique qui vient d’ouvrir ses portes rassemble dans son espace dégustation toutes les productions de la Maison Guigal, de la Maison Vidal-Fleury, du Domaine de Bonserine et du Château de Nalys… Mais on y trouve aussi un musée, un espace gastronomique éphémère et des salles de séminaires.
Les plus chanceux – des locaux et des visiteurs du marché aux vins d’Ampuis - ont eu l’occasion de le visiter au mois de janvier alors que les travaux n’étaient pas tout à fait terminés. « Nous avons ouvert un peu aux forceps car nous n’étions pas tout à fait prêts mais nous ne pouvions pas rater cette occasion de faire découvrir ce nouvel espace œnotouristique qui nous tient tant à cœur ». Dixit Philippe Guigal, qui revient sur la genèse de cette création qui avait germé dans l’esprit de son père Marcel il y a quelques décennies déjà, au moment où les Guigal devenaient propriétaires des établissements Vidal-Fleury et par la même occasion de cette belle bâtisse qui sert aujourd’hui d’écrin au Caveau du Château. C’était dans les années 1980… Mais entretemps, la famille a eu d’autres priorités, la dernière en date étant l’acquisition du Château de Nalys à Châteauneuf-du-Pape, qui vient positionner l’entreprise familiale dans la partie méridionale de la Vallée du Rhône.
LA DÉCOUVERTE DU CLOS JOLY / Il y a deux ans donc, le père et le fils se sont dit : « On est prêts ! ». D’autant qu’avec l’essor de l’œnotourisme, l’alignement des planètes était parfait… Ecartant la solution de facilité qui aurait été de faire ce caveau dans l’enceinte même du Château d’Ampuis, propriété des Guigal depuis 1995, c’est sur le Clos Joly que s’est porté leur choix : une belle bâtisse du XIXème siècle flanquée d’un parc magnifique, située à 300 mètres à vol d’oiseau du château, sur l’axe principal du village emprunté chaque jour par quelque 15 000 véhicules… intéressant quand on veut aussi attirer le chaland.
Le projet final est assez éloigné du projet initial : comme il n’y avait pas de terrain pour le parking, il avait été envisagé dans un premier temps de tronçonner tous les arbres du parc pour en créer un… Un crève-cœur d’autant plus douloureux que c’est un jeune homme du nom d’Etienne Guigal qui les avait plantés au siècle dernier lorsqu’il officiait chez Vidal-Fleury… Alors que de l’autre côté de l’édifice, il n’y avait rien, juste un terrain en indivision que la famille Guigal a finalement pu acquérir. Le parc a donc été préservé ainsi que la bâtisse où rien n’a été changé dans la structure à l’exception de l’entrée qui a été rajoutée pour des raisons pratiques.
LA SALLE AUX TRÉSORS / Aujourd’hui, l’amateur de vin qui débarque dans la salle de dégustation sera immédiatement séduit par l’harmonie du lieu qui s’exprime au travers des matériaux choisis, en lien avec le métier de vigneron : la pierre pour les sols ; le bois de chêne pour rappeler les fûts dans lesquels sont élevés les vins ; le verre dans lequel ils sont mis en bouteille. « Il nous fallait aussi un élément structurant pour l’ensemble et nous avons choisi le bronze, du bronze patiné qui nous a permis de créer d’autres éléments comme la cage d’ascenseur ». Une fois cette première salle de dégustation appréhendée, l’amateur de vin sera irrémédiablement attiré par la « salle aux trésors » comme se plaît à la désigner Philippe Guigal. Cette salle est plus petite, plus fraîche, plus excitante… Car il y a là réunis les plus grands vins de l’entreprise Guigal, créée faut-il le rappeler le 1er janvier 1946. Pour commencer, les grands vins de la Maison Guigal en blanc ; là, les meilleures cuvées de Châteauneuf-du-Pape en provenance du Château de Nalys ; à côté, les icônes septentrionales de la Maison Guigal, les grands Côte-Rôtie mais aussi des Hermitage et des Saint-Joseph ; et un peu plus loin (en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre), les fleurons de la Maison Vidal-Fleury et du Domaine de Bonserine qui sont aussi en Côte-Rôtie. Au final, un panel de Grands Vins assez exceptionnel (la Mouline, la Turque, la Landonne, la Doriane et bien d’autres encore…) que l’on peut aussi déguster.
UN LIEU D’ACCUEIL ET DE PARTAGE / « Nous proposons différents types de dégustations » explique Marielle Grossetête, la responsable de ce nouveau lieu. A commencer par des dégustations de bienvenue, qui se déroulent au comptoir pour une dégustation conviviale en toute simplicité. Sans réservation, ils ont la possibilité de goûter à plusieurs vins en choisissant la catégorie : découverte des appellations les plus accessibles telles que Crozes-Hermitage et Saint-Joseph en Vallée du Rhône Nord, et Cairanne et Gigondas en Vallée du Rhône Sud, ou encore sélection des appellations plus prestigieuses comme Hermitage, Côte-Rôtie, Cornas, Châteauneuf-du-Pape… A chaque fois, le client peut choisir le nombre de vins et les appellations qu’il souhaite déguster : 3, 4, 5 ou 6 vins ; il y a même le package 10 vins. Sur le premier niveau, on se situe à 3 vins pour 9 euros ; au 2e niveau : 3 vins aux alentours de 15 euros.
« Mais il y a aussi les dégustations thématisées où tout est complètement modulable. Focus terroirs, comparatifs entre les différentes maisons… On peut tout faire dès lors que nous avons les vins. Nous proposons des suggestions mais nous ne voulons pas enfermer le client dans des schémas préétablis. Ici, tout est possible ».
Lorsqu’on parle de terroirs par exemple, il y a la possibilité de faire sur un même millésime des dégustations 100% Côte Blonde, assemblage Côte Brune Côte Blonde ou 100% Côte Brune : « Des choses qui se comprennent mieux quand elles sont exprimées en bouche ».
Jean Calabrese
Le Caveau du château est situé 6 route de la Roche – 69420 Ampuis. Outre son caveau et son parcours muséal, il propose un service aux entreprises pour des activités événementielles avec des salles de séminaires et un espace œnogastronomique adapté avec une cuisine professionnelle customisée. Possibilité aussi de visiter les caves et circuits de découverte dans les vignes. www.lecaveauduchateau.com
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Un musée de la vigne et des arts gallo-romains
Au sous-sol du Caveau du Château, un musée. Que l’on peut visiter ou pas, selon son humeur. Avec une première salle dédiée à la viticulture et à tous ces outils qui permettent de travailler la vigne encore aujourd’hui : piochards, serpes à talon, bigots, greffoirs ; il y a aussi une série d’objets relatifs à l’œnologie, à la tonnellerie et plein d’autres choses encore, dont un magnifique foudre sculpté avec les attributs de la passion du Christ… une pièce rare : « Mon père et moi, nous nous intéressons depuis toujours aux outils de la vigne et du vin et à la tonnellerie ». Mais pas que… Car les Guigal ont aussi une passion pour la culture gallo-romaine. Depuis 40 ans, ils stockaient ; avec le Caveau du château, ils peuvent exposer.
C’est ainsi qu’avec le concours de l’office du tourisme de Vienne-Condrieu et la caution scientifique du musée de Saint-Romain-en-Gal, ils révèlent aux visiteurs quelques-unes de leurs plus belles pièces sur les 700 répertoriées. Avec, évidemment, une série d’amphores : italiques, phéniciennes, Massaliètes et même africaines du IVème siècle… trouvées dans les jardins du Château d’Ampuis lors de sa restauration ! Et des pièces de monnaie : précisément 172 minutieusement sélectionnées parmi les 480 que compte la collection familiale, enchâssées dans une cloison en plexiglass qui a la forme d’une vague.
C’est Eve Guigal, l’épouse de Philippe, qui a supervisé la mise en place de ces collections en suivant les conseils de différents scénographes et muséographes. Avec, au milieu de toutes ces pièces historiques, un clin d’œil à l’art contemporain sous la forme d’une œuvre originale du duo artistique belge Arianna Musetta et Marcin Sobolev, créée spécialement pour le musée.