Vignobles & Compagnie - Thomas Giubbi
En passant de 25 millions de bouteilles à 9 en 15 ans, Vignobles & Compagnie a renoué
avec les profits. Tournant le dos à un modèle de volume, l’entreprise de Castillon-du-
Gard, négociant-embouteilleur historique des vignerons gardois, s’est réorientée vers la
qualité. Avec audace et succès…
Négociant & vigneron engagéVigneron, Vignobles & Compagnie l’est depuis 2017 et la reprise en fermage du Château des Sources et d’une propriété voisine : 50 hectares plantés et 20 à replanter en Costières de Nîmes. La winerie a fait de l’engagement auprès des vignerons son credo et le socle de son positionnement. Quand on suit, parfois depuis plus de 25 ans, une vingtaine de domaines, cela créé des liens… « Un des combats de l’entreprise, affirme Thomas Giubbi, son directeur général depuis fin 2011, c’est d’assurer la pérennité
des exploitations. Dans quatre domaines, les enfants ont pris le relais. C’est possible parce qu’ils travaillent avec nous depuis longtemps, ont une bonne visibilité et peuvent vivre correctement du produit de la vigne ».
Assise viticoleAujourd’hui, l’assise viticole de la winerie a pris le dessus. Le virage stratégique vers la qualité a demandé de revoir tous les profils des vins et donc les méthodologies qui reposent sur l’accompagnement des vignerons partenaires, de la conduite de la vigne à la vinification. Travail de la terre, taille, replantations, choix des cépages et des portes greffes, parcours de vendange pour obtenir les maturités recherchées en terme d’acidité, d’alcool et d’intensité aromatique, choix des levures, durée de maturation… cette implication de tous les instants répond à une demande forte des vignerons et des
consommateurs. « Un engagement commun au service des vins que le client attend, dans le respect des terroirs », résume Thomas.
Pilotage économiqueS’engager c’est aussi ce que fait Thomas Giubbi quand il siège au bureau de l’UMVR, co-préside des appellations Lirac et Tavel, administre l’Anivin et Inter-Rhône. Cela lui permet de faire avancer des combats prioritaires comme le pilotage économique de la filière. L’enjeu, c’est d’avoir une analyse fine des marchés pour anticiper et mieux gérer. Cela suppose de mettre en place des indicateurs fiables et de s’entendre avec les producteurs afin de prendre les bonnes décisions. « La récolte 2016, raconte Thomas, est l’une des plus faibles historiquement sur les vins de cépage. Mais comme auparavant les prix avaient bondi un peu trop fort, on a cassé le jouet. Malgré une récolte extrêmement faible en volume, on est en sur-production, parce que l’on n’a plus les marchés qui se sont réorientés, y compris la grande distribution française, vers l’Espagne, le Chili, etc. ».
Winerie du RhôneL’UMVR a décidé de présenter ses entreprises de négoce sous le terme de wineries du Rhône, en francisant ce mot qui désigne un endroit où l’on fait du vin, mais aussi celui où l’on développe son marketing et sa commercialisation.
Même si les maisons les plus traditionnelles du syndicat ont parfois quelques réticences à utiliser un terme anglo-saxon, le mot winerie a le mérite d’être compréhensible partout. Et surtout, tous se retrouvent dans le besoin de revendiquer et d’affirmer ici, de manière collective, la fierté d’un métier qui crée de la valeur pour tous. « La différence entre les wineries du Rhône et celles de Mendoza par exemple, elle est plurielle, explique Thomas Giubbi. C’est un esprit entrepreneurial fort, dans un environnement historique important, avec un univers réglementaire beaucoup plus strict. Et puis une histoire d’AOP et des terroirs, ceux de la Vallée du Rhône, bien plus présente que dans d’autres régions
du monde. Le tout en cultivant cet esprit, cette tonalité parfois décalée : être sérieux sans se prendre au sérieux ».