Interview du Président de l'UMVR sur le démarrage de campagne 2021

DES OPPORTUNITES A SAISIR


Image actualité

Samuel Montgermont, quelle est votre analyse de la situation actuelle des Côtes du Rhône ?

Nous sommes sur une tendance positive. Pour autant, ne nous glorifions pas trop, car si les sorties de chais sont supérieures de 5% à celles de 2020, celles-ci étaient elles-mêmes à -7 % versus 2019.  Et d’autres régions performent bien plus.

Surtout, ce résultat positif est dû à la dynamique des Crus, tandis que le bassin régional est à la peine. Rappelons le contexte : avant le gel d’avril, nous étions en surstock et inquiets, après le gel nous avons enregistré beaucoup de contrats à des premiers prix donc aujourd’hui les stocks sont aussi  chez les négociants.

Avant tout, nous devons améliorer l’image de notre région et l’appétence qu’elle peut susciter. Là, je salue la nouvelle campagne promotionnelle des Côtes du Rhône : elle va dans ce sens, celui d’une grande Vallée du Rhône.

Comment voyez-vous le déroulement de la campagne 2021-2022 ?

Aujourd’hui, j’entends l’annonce d’une baisse de 10 millions d’hectolitres à l’échelle de la France. En Vallée du Rhône aussi, la forte baisse de volume entrainera un arbitrage important sur les prix et le choix des clients. Les opérateurs de la région risquent de ne pas pouvoir fournir des marques de distributeurs, les premiers prix seront absents du marché durant 12 à 14 mois.

La question est donc : que ferons-nous ensuite ? Allons-nous recommencer ? Probablement pas, car la grande distribution se tournera vers d’autres produits et la déconsommation à l’endroit du vin, qui affecte d’abord les premiers prix, continuera. Préparons-nous dès maintenant, pour ne pas retourner dans la grande braderie !

Quelle est votre vision du marché à plus long terme ?

Nous ne pouvons pas reproduire ce qu’il s’est passé en 2021 : en février, nous avions trop de vin, en avril, plus assez. Le marché ne peut pas continuer à être dirigé par les aléas climatiques.

Nous avons besoin d’indicateurs économiques, ils sont indispensables, et l’interprofession y travaille.

Nous avons aussi besoin d’outils de régulation du marché, comme une réserve interprofessionnelle. Bordeaux est en train d’en mettre une en place, cogérée par les deux familles. Inspirons-nous de leurs travaux.

La capacité des négociants et des producteurs à se parler ouvertement et cogérer leurs stocks sera une des clés du succès.

 Par ailleurs, les contrats pluriannuels sont appelés à se développer, la nouvelle réglementation européenne sur les délais de paiement nous y encourage vivement.

Nous devons en parallèle réfléchir aux moyens de garantir un revenu/hectare aux vignerons. Cette démarche est dans la droite ligne de la future PAC.

Enfin nous devons intégrer des études sociologiques dans nos analyses afin d’orienter aux mieux les décisions que nous aurons à prendre tant sur l’économie, la technique que la promotion de nos vins.

La décroissance de consommation des vins rouges nous pousse à nous préparer aux marchés de demain. Nous avons mis du temps à penser « blanc », mais le chemin de la diversification est pris ; pour preuve le plan diversification initié par Inter Rhône et mis en œuvre par l’Institut Rhodanien.

Cette année avec le manque de blancs de Bourgogne, de la Loire mais aussi de Nouvelle-Zélande et d’Afrique du Sud… c’est le moment ou jamais de prendre des parts de marché ! Saisissons-nous de cette opportunité !

Le Vigneron n°917 octobre 2021