Portrait du mois de octobre

LAVAU - Frédéric et Benoit


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Lavau frère et frère
Frédéric et Benoit Lavau sont passés de négociant vracqueur à vigneron, vinificateur, négociant, vracqueur, embouteilleur. Tout pour faire comprendre que les négociants font tout et tout aussi bien que les autres.
Les premiers
Quand Jean-Guy et Anne-Marie Lavau quittent la Tunisie et s’installent vinificateurs dans le Vaucluse, tout le monde leur dit que ce métier n’a pas d’avenir. Nous sommes en 1965 et il est vrai qu’il faut y croire quand, d’un côté, vous avez les caves coopératives et, de l’autre, les caves particulières qui se multiplient. N’écoutant que leurs convictions, ils décident de prendre le contre-pied de cette analyse. Les Lavau achètent du vin, font leurs assemblages et les revendent en vrac. En 1994, la loi autorise la vinification chez un tiers, métier qu’ils sont les premiers à exercer en vallée du Rhône et qui n’existe encore que très peu en France. « Nous avons toujours considéré que l’on faisait de l’innovation », commente Frédéric, qui a pris avec son frère Benoit la succession parentale à partir du 1er janvier 2000.
Métier de service
Dans les années 90, l’heure est à la chasse aux coûts. On s’interroge sur l’utilité d’acheter du vin à un négociant vracqueur plutôt qu’à un vigneron producteur. Les deux frères réorientent l’activité vers plus de vinification et moins de négoce. Ils rencontrent la demande de vignerons qui cherchent une alternative au duo coopérative, cave particulière. Frédéric et Benoit offrent leurs services pour soulager les vignerons partenaires en mettant par exemple à leur disposition des bennes à vendange et en assurant le transport des raisins depuis les vignes jusqu’au chai. Ces vignerons sont aujourd’hui 357. Tous apporteurs de raisin pour la maison Lavau, de Montélimar à Lançon-de-Provence et d’Apt à Béziers. Une petite communauté qui apprécie de se retrouver chaque année à l’occasion du repas des vendanges. « Nous faisons en sorte que les vignerons se sentent un peu chez eux, explique Frédéric. Nous nous rencontrons plusieurs fois dans l’année. Ils peuvent nous appeler, nous demander des conseils. Il y a une vraie interaction ».
Leur nom sur l’étiquette
Autre étape du développement de la winerie, la construction d’un nouvel outil de vinification à Violes après la récolte de 1998, abondante, qui avait saturé leurs deux chais. Deux autres décisions majeures suivent avec le lancement, en 2009, d’une gamme de bouteilles sous la marque Lavau, et un métier dès lors s’étend à la mise en bouteille et la commercialisation de leur gamme. Et en 2010, l’intégration de l’amont avec l’achat d’une propriété. 7 ans plus tard, malgré un bon accueil de la presse internationale, Frédéric et Benoit se considèrent toujours comme des novices. « Nous nous sommes mis à faire des sélections parcellaires, des élevages, des assemblages, de la mise en bouteille et à essayer de comprendre ce qu’un consommateur pouvait attendre d’une nouvelle maison du Rhône qui en compte déjà tant, explique Frédéric. Nous essayons de créer une alternative avec des vins de qualité au bon rapport qualité/prix. Ce que nous avons fait n’est pas parfait. Mais c’est un socle qui nous permet d’évoluer ».
Dépasser l’obsolète
Lavau assure à peu près la moitié de son activité à l’export. Et les deux frères passent beaucoup de temps à voyager dans des pays où les débats franco-français n’ont pas cours. « Nous sommes le seul pays au monde qui considère que pour avoir une valeur sur le marché, il faut s’appeler domaine, château et porter la mention mis en bouteille à la propriété ou au château. C’est complètement obsolète au 21e siècle », souligne Frédéric. Qui préfère insister sur les deux points qui lui semblent partagés par tout l’univers du vin français : « Premièrement, le lien au terroir pour lequel chacun de nous à une approche affective qui permet d’en parler avec passion et de défendre les appellations. Et deuxièmement l’amour de nos métiers »