DECEMBRE 2021
Le Domaine La Bastide Saint Dominique : deux facettes de l’activité d’un vigneron-négociant de l’appellation Châteauneuf-du Pape qui sait faire preuve de cohérence pour répondre aux demandes de ses clients.
Eric Bonnet, à la Bastide Saint Dominique à Courthézon dans l’aire d’appellation Châteauneuf-du-Pape, aurait pu se contenter du domaine qu’il gère aujourd’hui avec sa sœur Véronique. Digne représentant de la saga familiale (4e génération), il poursuit l’œuvre entamée par ses deux arrière-grands-pères, Henri Favier et Jules Rochebonne, tous deux viticulteurs mais qui respectivement soit vendait le raisin à des négociants soit le portait en cave coopérative.
« Mes parents Gérard et Marie-Claude, lorsqu’ils sont arrivés ici en 1976 et qu’ils ont acheté cette bastide à l’époque complètement délabrée, ont récupéré petit à petit le parcellaire de mes deux arrière-grands-pères. Pour ensuite se spécialiser dans la viticulture et supprimer la partie agricole ». Les parents d’Eric Bonnet ont ainsi récupéré des fermages de famille et, partant de zéro, ont construit un vignoble qui aujourd’hui avoisine les 50 hectares.
LE NEGOCE EN 2006
Aujourd’hui, la partie domaine est parfaitement maîtrisée avec un objectif de production de 1 500 à 1 800 hectolitres, soit l’équivalent de 200 000 bouteilles (une petite partie part en Bib).
Pourquoi alors une maison de négoce ? Pour ne pas s’endormir sur ses lauriers sans doute…
« Je suis arrivé au domaine en décembre 99 après mon BTS viticulture œnologie en Bourgogne et les stages qui vont avec. Et j'ai vinifié en 2000 pour la première fois au domaine » se souvient Eric Bonnet. A l'époque, il travaillait à peu près sur 28 hectares et s’est employé à prendre ses marques : développement des IGP jusque-là vendues en vrac, restructuration du domaine. Et, pour les appellations, ajustement de la gamme avec la création de deux ou trois cuvées supplémentaires.
Une fois tous ces changements effectués, il s’est dit qu’il était un peu trop tôt pour se satisfaire du domaine. « De temps en temps, à l’époque, je recevais des offres sur des vins que je n’avais pas et je me disais que ce serait intéressant de proposer à mes clients les autres crus du Rhône ». Il franchit donc le pas en 2006 et crée sa propre maison de négoce, la Réserve Saint-Dominique. Les 3 premiers vins qu’il a commercialisés ? Des Gigondas, Vacqueyras et Lirac. En petites quantités : 600 bouteilles à peine, l’équivalent d’une palette.
Jusqu’en 2015, Eric Bonnet a ainsi tâtonné sur des appellations, allant même jusqu’à fournir aussi des crus du nord de la Vallée du Rhône. « J’ai eu fait des Hermitage, des Côte-Rôtie, des Cornas… Jamais de gros volumes : 2 à 6000 bouteilles par référence… J’ai eu un peu le rôle d’intermédiaire avec mes clients, surtout à l’export ».
Depuis 2015, tout a changé. Avec un agent qui distribuait les vins du Domaine, ils se sont lancés un défi : créer une nouvelle gamme avec une nouvelle marque. Ce sera Crous Saint Martin, du nom de la croix érigée en 1879 à 400 mètres à vol d’oiseau de la bastide, un point de repère entre plusieurs de ses parcelles.
Curieusement, alors qu’il s’était dit qu’il allait faire les crus qu’il ne produisait pas, la référence qu’il vend le plus en négoce aujourd’hui, c’est Châteauneuf-du-Pape ! Pas de risque de confusion chez ses clients ? « Je garde une vraie transparence et la bouteille armoriée n’est pas la même. En tant que producteur, je suis assez bien placé pour sélectionner d’autres vins. Les terroirs, les millésimes, je les connais, les difficultés de chaque année, je les connais parce que je les vis. Donc finalement ce n’est pas incohérent ». Autres appellations vendues en négoce : Gigondas, Vacqueyras, Rasteau et le Ventoux qui prend de plus en plus de place. Au total, près de mille hectos chaque année (entre 100 et 150 000 bouteilles) qui partent pour 80 % à l’export.
Jean Calabrese
La
Bastide Saint Dominique - La Réserve Saint Dominique
1358 Chemin Saint Dominique à Courthézon – France
Tél : 04 90 70 85 32