Interview de Pascal Duconget

AVRIL 2024

Cet acteur incontournable de la Vallée du Rhône, résultat de l’union des caves de Beaumes-de-Venise, Rasteau, Vacqueyras et Visan, représente aujourd’hui un bel ensemble coopératif regroupant quelque 400 adhérents et commercialisant plus de 12,5 millions de bouteilles.

Aux manettes de cette nouvelle structure, Pascal Duconget, le directeur, présent depuis le début de ce grand projet au côté du président Claude Chabran. Sous sa houlette, Rhonéa est devenue aujourd’hui un géant de la coopération en vallée du Rhône (2ème derrière le Cellier des Dauphins) spécialisé dans les crus méridionaux et les côtes-du-rhône-villages.

Pour y arriver, Pascal Duconget a misé sur les deux activités stratégiques de l’entreprise : la partie production qui reste forcément le cœur de métier ; et l’autre partie stratégique centrée sur la mise en marché et la distribution. C’est d’ailleurs plus à ce titre-là que Rhonéa vient de rejoindre l’UMVR, l’Union des Maisons de vins du Rhône, le syndicat professionnel qui fédère les négociants en vins de la Vallée du Rhône.

« Même si le négoce à proprement parler ne représente que moins de 5 % de notre activité, il nous permet de répondre à plusieurs objectifs, précise le directeur de Rhonéa, le plus important étant de compléter notre gamme sur des appellations qui ne sont pas produites par l’union coopérative mais qui font un excellent complément de gamme ». Comme Costières de Nîmes, avec un superbe producteur en biodynamie ou les appellations septentrionales. Ce statut de négociant permet aussi d’amortir certains frais de distribution et d’acquérir des volumes qui ne sont pas produits en quantités suffisantes pour alimenter les marchés.

Ce succès, Rhonéa le doit aussi à une stratégie bien définie basée sur deux marques qui cohabitent au sein de l’union coopérative : « Terroir Daronton, c’est la promesse d'avoir un vin de qualité, bien représentatif de son appellation. Avec la gamme Rhonéa, nous exprimons un peu plus le travail du vigneron et sa singularité de nos terroirs».

Autre spécificité des deux marques qui devraient représenter en 2024 les deux tiers des volumes : Terroir Daronton s’adresse à la grande distribution ; Rhonéa est réservé au réseau traditionnel. L’export représente aujourd'hui 25 % de l’activité.

Au moment de la création du groupement, l’ambition était de sortir de l’image poussiéreuse de certaines caves coopératives. « Nous voulions faire de l'artisanat à l'échelle industrielle » se félicite Pascal Duconget qui rappelle que la surface moyenne des exploitations au sein de l’union est de 10 hectares avec des gens qui pour la plupart travaillent seul ou en famille.

Autant d’éléments utiles dans un monde du vin une nouvelle fois en crise face à la baisse de consommation et au changement climatique. « Un moment difficile à vivre mais nous devons être assez intelligents pour nous en sortir et être plus solidaires et efficaces qu'avant ».

Jean Calabrese