Interview de Guy Sarton du Jonchay - La Maison Vidal Fleury

OCTOBRE 2016


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Dans la gamme de la vénérable maison, la plus ancienne encore en activité dans la vallée du Rhône, uniquement des vins d’appellation rhodaniens. Avec l’accent mis sur les crus du nord, Côte Rôtie et Condrieu en particulier, qui constituent ses origines

La maison Vidal Fleury, basée sur le territoire de la petite commune de Tupin-et-Semons tout près d’Ampuis, a été fondée en 1781 par Joseph Vidal à partir de son vignoble en Côte Rôtie. Ce qui en fait la Maison rhodanienne la plus ancienne encore en activité. La petite histoire affirme que c’est au seigneur d’Ampuis que Joseph Vidal acheta sa première parcelle de vignes ; elle dit aussi qu’un certain Thomas Jefferson, ambassadeur des Etats-Unis en France et futur président de cette nation naissante, y fit  une halte en 1787, deux ans à peine avant la révolution. Mais Vidal Fleury a survécu à cette période tourmentée et même au phylloxéra à la fin du XIXe siècle grâce à la dot d’une demoiselle Fleury, épouse de Gustave Vidal, qui permit de replanter le vignoble…

Aujourd’hui, Vidal Fleury, tout en gardant son autonomie, prospère à coté d’une autre grande maison de la vallée du Rhône, la Maison Guigal. L’histoire de ces deux « institutions » du monde viticole est intimement liée : en 1924, Étienne Guigal était recruté chez Vidal-Fleury comme maître de chais avant de fonder son propre négoce 30 ans après. Avec le succès que l’on connaît.  Plus de 60 ans plus tard (en 1985), lorsque Vidal Fleury est à vendre faute de repreneur dans le giron familial, c’est tout naturellement vers Marcel Guigal – le fils d’Etienne - que se tournent les héritiers Vidal-Fleury et qu’un accord est trouvé entre les deux familles aux destins entrecroisés.

« Une histoire assez facile à résumer en somme» souligne Guy Sarton du Jonchay,  qui dirige depuis 2008 la Maison. Appelé pour dynamiser l’entreprise, le directeur-œnologue de Vidal Fleury, diplômé d’agronomie et d’œnologie, a un profil professionnel particulier qui l’a emmené du Médoc à l’Australie en passant par l’Argentine où il a fait du vin à 2000 m d’altitude. « Je suis à moitié argentin, ajoute-t-il. Et ce n’est pas une critique par rapport aux vins du nouveau monde, mais si je suis rentré en France, c’est pour faire des vins d’appellation, des vins de terroir ».

Et où aurait-il pu mieux exprimer ses talents que chez Vidal Fleury, qui produit depuis le début ou presque de son histoire les plus belles appellations rhodaniennes ? Car si jusqu’à 1920, la Maison ne travaillait qu’avec ses propres raisins, dans le nord de la vallée du Rhône, elle a franchi le pas pour devenir producteur négociant à l’époque de Joseph Vidal-Fleury, en s’implantant dans la partie méridionale où elle ne possède pas de vignes.

La palette des vins s’est donc élargie, avec 19 appellations aujourd’hui : Côte-Rôtie, Condrieu, Saint-Joseph, Cornas, Hermitage et Crozes-Hermitage au nord ; et Châteauneuf-du-Pape, Gigondas, Vacqueyras, Tavel, Cairanne au sud. Sans oublier des côtes-du-rhône villages, des ventoux et même un vin doux, le Muscat de Beaumes-de-Venise. Soit un million de cols par an dont 70% vendus  à l’export. « C’est notre axe stratégique, avec une priorité, les Etats-Unis, qui constituent notre premier marché ». L’effet Thomas Jefferson sans doute…

En 2008, coïncidant avec l’arrivée du nouveau directeur-œnologue, Vidal-Fleury a investi près de 20 M€ dans ses nouveaux chais. Un bâtiment moderne de 9 000 m2, type winerie de la Napa Valley en Californie, planté au pied des terrasses du vignoble de Côte Rôtie - juste entre la Blonde et la Brune - qui constitue toujours le fer de lance (100 000 bouteilles) de la Maison. « Il s’agit pour nous d’optimiser l’élevage - parfois jusqu’à 4 ans - le conditionnement et le vieillissement des vins en bouteilles. Car même si le bâtiment est moderne, nous avons une démarche assez puriste sur la notion d’appellation d’origine contrôlée ». Qui fait qu’aujourd’hui encore, toujours fidèle à ses racines, la Maison Vidal Fleury revendique pour chacun de ses vins la signature du terroir.

Jean Calabrese

Repères

PDG : Marcel Guigal

Directeur général : Guy Sarton du Jonchay

Adresse: 48 route de Lyon - 68420 Tupin-et-Semons / 0474561018 / contact@vidal-fleury.com

Marques commerciales : Vidal-Fleury ; Brune et Blonde de Vidal-Fleury ; La Chatillonne