DECEMBRE 2017
En fusionnant avec le château Maucoil en 2013, la maison Lavau a conforté ses bases - négociant, vinificateur et producteur – et sécurisé son avenir. L’histoire de la dernière maison familiale indépendante de la vallée du Rhône résumée en quatre points…
1870 : nouveau départ / C’est le début de la saga de la famille Lavau, qui ressemble à un scénario de film : imaginez l’arrière grand-père, René Lavau, originaire de Saint-Emilion, qui s’embarque à la fin du XIXe siècle pour la Tunisie, ce nouveau monde de l’autre côté de la Méditerranée qui offre de nombreuses opportunités. C’est là-bas que tout commence, dans une petite propriété plantée de vignes et d’orangers que René va vite transformer en affaire florissante.
Jean, l’ainé des trois fils, va être chargé dans l’urgence de reprendre les rênes du domaine, lui qui rêvait pourtant de devenir médecin. C’est lui qui va faire de l’entreprise familiale un des plus importants producteurs de vin du pays avec plus de mille hectares de vignoble.
1962 : le grand retour / Fin du premier acte : la Tunisie gagne son indépendance et la famille Lavau retraverse la Grande Bleue. Cette fois, c’est Jean-Guy Lavau, le fils de Jean, qui est aux manettes avec Anne-Marie son épouse. Ils s’installent en 1965 à Sablet où ils font l’acquisition d’une petite cave qui avait deux activités : celle de négociant – du vrac uniquement - et une toute petite activité de vinification auprès de quelques vignerons des environs. «Mes parents ne se sont jamais lancés dans la bouteille mais ils ont toujours conservé cette double activité de négociant et vinificateur ».
Celui qui parle, c’est Frédéric Lavau, arrivé en 1995 dans l’entreprise et suivi deux ans plus tard par son frère Benoît. Leur père venait de racheter l’affaire d’un vinificateur d’Entrechaux qui partait à la retraite, Michel Mouret. « Nous n’étions pas du tout prédestinés à prendre la suite mais une réflexion de mon père m’a fait réfléchir : dans la vie, il vaut mieux être son propre patron ».
2000 : changement de cap / C’est l’année de la passation de pouvoir entre le père et ses deux fils. Frédéric et Benoît s’attellent alors à la tâche. « Nous n’étions pas convaincu que le métier de négociant-vraqueur avait de l’avenir. Alors, nous nous sommes raccrochés à notre 2e métier, celui de vinificateur et nous sommes devenus aussi embouteilleur ». D’où la construction d’une nouvelle cave à Violes où ils vinifient pour la première fois en 2002 dans des chais modernes et performants. Ils créent dans la foulée la marque Lavau et rachètent en 2009 le 2e vinificateur du Vaucluse à Valréas.
Mais les frères Lavau ne s’arrêtent pas là et, dans le même temps où ils mettent en place un nouveau contrat d’achat de raisin avec leurs partenaires vignerons, ils commencent à faire l’acquisition de leurs premières vignes : le domaine la Décelle à Valréas et le domaine de Carmignan à Bagnols-sur-Cèze… Les voilà donc producteurs !
2013 : grandir et se développer / L’année 2013 est marquée par la rencontre avec les nouveaux associés, Bénédicte et Charles Bonnet, propriétaires du Château Maucoil à Châteauneuf-du-Pape. « Ils avaient une expérience familiale qui ressemblait à la nôtre. Et nous avons tous à peu près le même âge et les mêmes envies de grandir et de se développer ». Ainsi naissait le groupe Lavau Maucoil détenu à 65% par la famille Lavau et 35% par la famille Bonnet.
Avec l’acquisition l’année suivante du domaine Les Évigneaux à Rasteau, Lavau renforce son image de producteur haut de gamme (en s’adjoignant le concours de Stéphane Derenoncourt, un des consultants en œnologie les plus réputés de la profession) et peut s’enorgueillir aujourd’hui de posséder 190 hectares de vignes. « Et nous sommes toujours à la recherche d’autres terroirs pour trouver des expressions particulières ». L’aventure continue.
Jean Calabrese
REPERES
3 caves de vinification: Violès (siège de l’entreprise), Valréas et Entrechaux
363 partenaires producteurs du sud de la Vallée du Rhône
100 000 hl vinifiés en moyenne chaque année
5% des ventes en bouteilles
190 ha de vignes
17 salariés et un chiffre d’affaires de 17 M€ HT en 2016.